3S Services et prestation est une entreprise qui intervient dans le lavage des plats lors des cérémonies, le placement des filles de ménages et le nettoyage des maisons. Basée dans la capitale Burkinabè, elle a été créée par une jeune étudiante, Salimata Sanfo.
Salimata Sanfo est titulaire d’un BTS d’Etat, DTS, et la licence en marketing et management. L’idée de créer une entreprise taraudait cette jeune fille de taille svelte et filiforme quand elle a bénéficié le cours sur l’entreprenariat en 3e année de licence. « Après le cours, j’ai pensé à mettre en place une entreprise qui va me permettre de me prendre en charge et aider la société », confie-t-elle. Mais, elle ne savait pas par quoi commencer. Ainsi, tout ce qui se passe pendant les cérémonials lui a servi de repère.
« Lors des cérémonies dans les familles, chez les voisins, dans mon entourage ; j’ai fait le constat. Pendant ces moments, il n’y a pas quelqu’un pour laver les plats. Chacun court de gauche à droite. J’ai pensé à créer une entreprise qui va soulager les gens, les familles, durant ces moments. Parce qu’on remarque généralement qu’au lendemain de la cérémonie tout le monde est fatigué. Les plats sont entachés et les marmites également, il n’y a personnes pour les laver. J’ai décidé de mettre à leur disposition des plats propres », relate Salimata Sanfo. D’où la création de 3S Services et prestations. 3S sont les initiales de son nom. Le premier S pour Sanfo, le deuxième S pour Salimata et le troisième pour Service.
Au-delà du lavage des plats, elle fait également le noyage des maisons nouvellement construites, surtout lors des déménagements. « Nous intervenons partout où l’hygiène ou la propriété est demandée ». Elle vend des ustensiles de cuisines et fait le placement des dames de ménages dans les familles, entreprises et services.
Pour une journée de vaisselle, ses prestations commencent à partir de 15 000 F CFA. Pour les nettoyages, elle explique que cela dépend du type de maison et de carrelage qu’elles auront à nettoyer. Donc, les coûts sont variables. A ce jour, elle emploie 7 femmes permanentes et fait appel à des contractuelles permettant à celles-ci d’avoir une source de revenus. « Quand il y a deux ou trois cérémonies dans la journée, je divise mon équipe en deux groupes et souvent quand ce n’est pas suffisant, je fais appel à des contractuelles », a-t-elle précisé.
Au début, ce travail n’a pas été facile pour elle. Elle a subi toutes les moqueries possibles de la part de son environnement social. « Mes camarades, mes proches ainsi que ma famille n’arrivaient pas à croire.
Quand je pars à une cérémonie, ils me regardent différemment. Ils n’arrivent pas à concevoir le fait qu’après toutes ces années d’études, je puisse être en train de laver des plats lors des cérémonies ou de nettoyer les maisons des gens. Selon eux, c’est inadmissible. D’autres même vont jusqu’à dire que toi une jolie fille comme ça, ce sont des plats tu laves », a-t-elle relaté. « La dernière fois, un membre de ma famille m’a appelé et m’a dit : Après tous tes diplômes, finalement c’est dans les plats tu t’es retrouvée. J’ai dit oui, c’est un travail aussi non (rires) », se souvient-elle. L’expression selon laquelle : « il n’y a pas de sots métiers, il n’y a que des sottes gens », trouve tout son sens ici. Tout travail a une valeur et requiert des qualités chez le travailleur. « Et au fur et à mesure, ils se sont habitués.
Maintenant on m’appelle la laveuse professionnelle ou 3S est devenu maintenant mon surnom. Quand il y a une cérémonie c’est eux même qui me recommandent, ils m’appellent » a-t-elle dit les traits tirés de l’allégresse.
Salimata Sanfo déplore également le fait que certaines personnes ne prennent pas leur travail au sérieux. D’autres mêmes vont jusqu’à leur donner un faux rendez-vous, toute chose qui, selon elle, bouleverse son programme. Elle trouve que ce discrédit est une perte de temps, de gaspillage de l’essence pour elle et son équipe. De même, elle regrette les allégations incorrectes de certains clients quand ils s’adressent à son équipe lors de célébrations.
Loin de structurer des motifs de découragement, elle en fait des motivations complémentaires pour gagner son pari. Salimata nourrit l’ambition de créer un centre de formation pour le personnel de maison. « Parce qu’on a constaté que ce métier n’est pas valorisé à sa juste valeur. Pourtant c’est un métier très noble. Donc j’aimerais former les dames de ménages, dans les nettoyages, les nounous, le personnel de maison en général », a-t-elle affirmé avant d’ajouter : « il faudra que les gens arrêtent de penser que le travail qu’on fait n’est pas un bon travail. J’aimerais vraiment solliciter les gens à considérer ce que nous faisons », a-t-elle lancé. Ainsi, elle souhaite étendre 3S, dans les 45 provinces du Burkina espérant décrocher les marchés de l’Etat et avoir plusieurs contrats dans les entreprises et sociétés privées. L’entreprise a vu le jour en Avril 2020 et durant les premières années, elle peut estimer son chiffres d’affaires à 5 millions. Elle invite les jeunes à s’investir dans l’entrepreneuriat, un secteur porteur. « En tant que jeunes, nous pouvons créer quelque chose afin de donner du travail à nos petits frères et petites sœurs qui viennent. Et cela va contribuer au développement économique de notre pays », a-t-elle dit. Elle est joignable au 67 34 84 12.
Youssouf KABDAOGO