Elle décide de troquer la craie blanche contre la farine de maïs.
Dans la ville de Léo, province de Sissili se cache un jeune moulin de la région du Centre-Ouest. Une localité située à 167 Km de la capitale Burkinabè. Si l’histoire de la minoterie commence en mars 2021, elle veut allier tradition et modernité pour obtenir les meilleures farines. Et celle qui s’en charge, c’est Bousratoun Mardiha Diallo née Dabo, une enseignante qui a interrompu sa carrière professionnelle pour créer une entreprise de transformation de maïs. Sa meunerie est équipée d’une décortiqueuse pour décortiquer les graines et d’un broyeur pour rendre les graines en fine particule.
Madame Diallo, promotrice de « Sissili farine » a eu un cursus scolaire assez court, dû aux péripéties de la vie. Après l’obtention du Baccalauréat G2 en 2015, elle a embrassé la formation des enseignants à l’ENEP. Puis, elle enseigne dans une école de la place à Léo, son nouveau poste. Quelques années plus tard, elle décide de troquer la poussière de la craie contre la farine de maïs. « Un matin je suis allé au moulin pour écraser le maïs. A mon retour, une collègue enseignante est venue me rendre visite. On échangeait et banalement l’idée est venue en tête. Et j’ai dit à ma copine que j’ai envie de faire de la farine pour vendre », a-t-elle expliqué. Elle voyait en cela une opportunité à saisir. C’est ainsi qu’elle a demandé une somme modique à son mari, lui-même enseignant, pour commencer son activité. « Il s’est moqué de moi d’abord et il m’a donné 25 000 F CFA », a-t-elle ironisé. C’est avec cette somme peu considérable que Bousratoun Mardiha a commencé la production de la farine. « Entretemps, j’ai pensé à comment moderniser la production et la vente des produits. Par la suite, j’ai eu l’appui de mon grand papa qui m’a enfin propulsé. Et c’est ainsi que Sissili farine est née », a indiqué l’ancienne enseignante devenue entrepreneure.
Ainsi, le maïs est transposé dans une machine, la décortiqueuse où le son est séparé des graines. « Elle permet de décortiquer le maïs, le mettant d’un côté et le son d’un autre côté. C’est une machine qui est rapide et cela y va du réglage. Cela dépend aussi de la quantité que nous voulons », a confié Fadel Dabo, responsable de machines.
La suite s’opère dans une autre grande machine. L’écrasement des graines en farine, cette étape, c’est Mohammad Mahrouf qui s’en occupe. « Du maïs à la farine, le processus de fabrication requiert un savoir-faire exigeant. Et mieux vaut connaître son métier sur le bout de doigt. C’est une grande chance pour moi et ce qui me plait dans ce métier, c’est vraiment être utile aux consommateurs », a-t-il déclaré.
Alors, les farines sont emballées ou stockées dans les sacs de 5kg, 15kg, 20kg, 25kg et 50 kg avant d’être expédiées, par tonnes, chez les clients en grande surface. « La farine fabriquée est livrée en quantité pour les grossistes. Actuellement, la tonne coûte 350 000 F CFA et varie d’une période à l’autre », a précisé la promotrice. En plus de la production en grande quantité de la farine ordinaire, l’entreprise produit également de la farine infantile, la farine pour les diabétiques, des couscous précuits et non-précuits
En termes de ravitaillement, Seini Tiendrebeogo, membre d’un coopératif basé Léo, est le fournisseur de madame Diallo. Il lui apporte en moyenne 15 tonnes de maïs par semaine et ce, en fonction de la commande. Si l’entreprise vend de la farine, utilisée pour la consommation, elle commercialise également le son du maïs destiné à l’alimentation du bétail. Sissili farine emploie plus de 30 personnes et n’ont pas l’intention de vous rouler dans la farine. Bousratoun cherche un financement pour réaliser la prochaine étape de son projet, produire en grande quantité.
Youssouf KABDAOGO