« Dieu a nous ainsi créé… » Raphaël
Au Burkina Faso, le handicap touche plus de 168000 personnes. Malgré la persistance des pesanteurs socioculturelles négatives sur ce phénomène, certaines personnes se trouvant dans cette situation tentent, tant bien que mal, à se faire « une place au soleil ».
Très souvent victimes d’exclusion, de préjugés, la majorité d’entre elles rencontrent toujours des obstacles au sein de la société pour accéder pleinement à leur droits (à l’éducation, à la formation professionnelle, à l’emploi…). Malgré les efforts que déploient les autorités pour les personnes vivant avec un handicap d’accéder à l’emploi au sein de l’administration publique, celles-ci rencontrent toujours des difficultés au quotidien. L’équipe de mpap-news.net a effectué un voyage au cœur d’un milieu où les personnes en situation de handicap luttent contre vents et marées pour être utiles à la société. Ce fut l’Association des Artisans Handicapés ‘’WEND LA MITA’’ située au quartier Wemtinga non loin du maquis YING YANG de Ouagadougou, créé en 1990 reconnue officiellement en 2009. Assis de part et d’autre de la terrasse, des personnes vivant avec un handicap, pour la plupart des hommes, avaient tous quelque chose à faire : lisser des bouts de bois, des calebasses. Cette association est née avec pour objectif de rassembler et former toutes personnes vivant avec un handicap et lutter contre la mendicité, afin qu’elles servent à la société Monsieur TASAMBEDO Issa Raphael a été la première avec qui nous nous sommes entretenus « nous essayons de travailler ici comme nous pouvons, pour subvenir aux besoins de nos familles. Si tu mendie tout le temps, les gens ne te considérerons plus, car ils seront agassés de devoir te donner de l’argent chaque tu te présentes devant eux. Sinon nous pouvons choisir de rester à la maison, et nous livrer à la mendicité mais cela ne fait pas notre dignité. Quand on gagne de l’argent à la sueur de son front, on y trouve beaucoup de grâces. » A l’endroit des autres handicapé qui mendient à longueur de journée dans les villes Burkina Faso, Raphael a eu une suggestion « J’aimerais attirer l’attention de tous les handicapés qui mendient qu’on peut bien faire quelque chose malgré son handicap, et être utile à sa société. Je ne les blâmes pas, je sais que c’est difficile parfois, et même très difficile mais ne baissons pas les bras. Dieu nous a ainsi crée mais ce n’est pas pour autant que nous devons toujours dépendre des autres. Tout travail comporte des difficultés c’est vrai mais il faut s’y faire » Parlant de difficultés, le président de l’association, Monsieur ZEMANE Philippe nous a fait part des quelques difficulté qu’ils rencontrent dans l’association. Ces difficultés sont plus ou moins liées à leur travail et au local. « A cause de la maladie à coronavirus et l’insécurité, le marché est en baisse. En plus de cela, nous sommes en location et cela ne nous arrange pas car chaque moi il faut payer les frais de location et pourtant le marché est parfois très lent » A les entendre, ils sont bien formés sur leur activité professionnelle, et sont vraiment dévoués à tout pour réussir leur vie. Un membre de l’association nous laisse entendre « Depuis la création de notre association, nous essayons de mettre les bouchées doubles pour satisfaire la clientèle et du même coup, assurer notre situation économique. Notre spécialité c’est les objets décoratifs et les jouets des enfants. Nous avons bénéficié cette formation d’un bienfaiteur du nom Mme KABORE Martina. Actuellement notre soucis majeur reste le manque de la matière première, c’est à dire les outils de travail, le bois, »
Avant notre passage, l’association a reçu la visite de la Ministre de la Culture Burkinabé. « Nous étions vraiment très contents de recevoir au sein de l’association, la Ministre de la Culture Mme THIOMBIANO. Nous nous somme s sentis honorés par son déplacement. Le fait même de savoir qu’une telle personne pense à nous est une grande satisfaction pour nous. » L’Association des Artisanats Handicapés ‘’WEND LA MITA’’ a lancé son cri de cœur aux bienfaiteurs et à l’Etat pour leur venir en aide dans la bonne marche de ses activités. « Nous demandons à l’Etat, à tous ceux qui peuvent nous venir en aide, de ne pas hésiter car nous sommes handicapés mais nous appartenons à la société. Nous nous battrons toujours pour notre société. »
Marie Larbo OUEDRAOGO