Editorial

Insécurité: Mort tragique d’un héros national, Ladji Yoro

L’impensable s’est produit le jeudi 23 décembre 2021. Les volontaires pour la défense de la patrie (VDP) de la Province du Loroum (Région du Nord) sont tombés dans une embuscade tendue par des groupes armés terroristes sur l’axe Ouahigouya-Titao. Cette attaque a coûté la vie à 41 Burkinabè dont le célèbre VDP Soumaïla Ganamé allias Ladji Yoro et a fait des blessés. La mort tragique de ce supplétif de l’armée, connu pour ses nombreux faits d’armes dans la lutte antiterroriste au nord du Faso, a provoqué une onde de choc plongeant tout un pays dans un désarroi total. 

Le décès est intervenu alors que Ladji Yoro et certains VDP escortaient des commerçants de Titao partis se ravitailler en vivres à Ouahigouya. Sur la route du retour, ils sont tombés dans une embuscade. Selon le témoignage d’un de ses compagnons d’armes et rescapé de ces violents combats: « Les assaillants étaient très nombreux. On a compté plus de 500 personnes. Ils avaient des armes lourdes, des mitrailleuses 12.7 mm et 14.5 mm, des pick-ups, des roquettes, des PKMS [kalachnikov] et des gaz lacrymogènes. Quand ils voient que les combats durent, ils tirent des gaz. C’est là que beaucoup de combattants sont tombés parce que certains ont cherché à se replier. Les militaires sont ensuite arrivés en renfort. Cela a permis de repousser l’offensive, et c’est grâce à ça qu’il n’y a pas eu plus de morts dans la population. » Pourtant, l’appui aérien a fait défaut. Au retour, pourquoi l’hélicoptère n’a pas pu les accompagner ? C’est à ce niveau que le problème se pose.

De son vivant, ce valeureux combattant du haut de sa bravoure avait fait une vidéo dans laquelle il réclamait de soutien, notamment des moyens adéquats pour assurer leur protection, et se demandait si on n’avait pas vendu le pays des hommes intègres. « Nous devons dire à nos autorités que nous sommes en difficultés. Depuis le début de la saison sèche, nous n’avons vu aucun soldat venir appuyer les missions de sécurisation initiées par les VDP. Nous ne demandons ni de l’argent ni à manger. Mais qu’ils nous aident à sécuriser notre territoire le long de la frontière avec le Mali, d’Est en Ouest. Nous sommes partants pour faire un ratissage de trois mois. Si l’État n’est pas capable de faire cela, on n’a pas besoin de leurs 10 francs CFA, 15 francs CFA. Le premier soutien dont nous avons besoin, c’est la protection. On veut remettre le drapeau burkinabé dans nos villages, réinstaller les écoles, les commissariats, les gendarmeries, ainsi que les mairies. C’est notre principale requête à Dieu, ensuite au gouvernement. Il y a très peu d’aide pour nous ici », avait-il dit. 

S’il avait été écouté et que les autorités compétentes avaient pris la situation à bras le corps, on aurait pu éviter ce qui est arrivé. Malheureusement, on a l’impression que sa mort brusque a été savamment préméditée avec une complicité qu’il faille chercher à comprendre. Il est souhaitable que le chef suprême des armées ordonne une enquête judiciaire crédible pour élucider les circonstances de ce drame qui a couté la vie à Ladji Yoro, à ses hommes et aux commerçants qu’ils escortaient.

Ainsi, la sécurité est une affaire de tous. C’est pourquoi les soldats et la jeunesse doivent suivre Ladji Yoro, ce symbole de courage, de détermination et de patriotisme dont notre pays est à la recherche pour sa sécurité et son progrès. Lui et ses hommes incarnaient un modèle de bravoure et de combativité qui se sont battus jusqu’au sacrifice suprême.

Avant sa mort, Samuel Kalkoumdo, président du Mouvement pour la culture de la paix et l’amour de la patrie (MPAP) avait décerné à Ladji Yoro un trophée le 3 septembre 2021 pour sa bravoure et son patriotisme.

                                                                                                                             La Rédaction

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